samedi 5 mai 2007

S. URSS



Je ne sais plus pourquoi je me suis allongée, dans l'après-midi. La chaleur a dû m'écraser. Demi-sommeil, tout se mélange. Le regard bleu d'une Marianne, la tour de Pise sous un globe de verre et les flocons qui tombent dessus. Et toujours ce nom. Soljenitsyne - mais qu'est-ce qu'il me veut - toujours Soljenitsyne. Bizarrement mon père est là. Il travaille dans ma chambre comme avant, sur un des deux bureaux. J'ouvre à demi les yeux. J'ai mal à la tête, j'ai froid, j'ai faim, j'ai envie de silence. J'ouvre les yeux, donc, il y a des trous dans ma bibliothèque et des piles de livres qui s'entassent à côté de mon lit et sur l'autre bureau. Mon père rit : "tu es réveillée ? Tu pourrais ranger, non ? Bientôt il faudra organiser des fouilles pour trouver les bouquins. Où est le Kant Lexikon ?". Je grogne. C'est mon univers, laisse-le tranquille. C'est mon désordre. Je finis par me lever et j'attrape Soljenitsyne puisqu'il ne veut pas me laisser dormir. Papa, je suis déprimée. Je sais ma puce, oublie LLG deux secondes, lis ton Soljenitsyne.
Je suis recroquevillée dans le fauteuil de ma chambre et je lis Soljenitsyne. Je bois du thé et je lis Soljenitsyne. Je lis Soljenitsyne et je bois du thé. Je lis du thé et je bois Soljenitsyne. J'avale sa Russie et mon thé brûlant et la pluie qui s'est mise à tomber m'apaise.
Je me suis laissée glisser dans le sommeil comme un bébé. La nuit est venue tard, très tard frapper à ma vitre. J'ai sauté le dîner et on a mis une couverture sur moi. J'ai encore déserté le monde.
Au fond je m'en fiche du lycée, des élections, du KB. Quoiqu'il arrive, il y aura toujours les livres.

Depuis hier, j'ai deux nouveaux amis: un italien roux et un dissident russe.
Je suis toujours émerveillée par les rapports humains....

1 commentaire:

Emilio a dit…

:-)
ah ces moments merveilleux de la pluie et de la nuée de mots ... et du vent dans les labyrinthes du jardin des plantes ^^